Bisphénol : un danger invisible et omniprésent
Peu connu du grand public, le bisphénol est une substance chimique très utilisée dans l’industrie, en particulier dans la production de plastique.
Utilisations du bisphénol
On l’utilise par exemple dans le vernis des boîtes métalliques (pour servir de barrière entre l’aliment et le métal), dans les bouteilles en plastique, dans certains textiles (il agit comme retardateur de flammes ou agent fixant de teintures) et même dans les tickets de caisse.
On retrouve aussi le bisphénol dans de multiples objets tels que les canalisations d’eau, les carrosseries, les prises et interrupteurs électriques, les revêtements de murs, de sols et même de lunettes… On peut également le retrouver dans les cosmétiques et les crèmes solaires !
C’est une substance polyvalente et très utile, c’est pour cela qu’elle est très appréciée par les industriels. Elle offre ainsi une certaine résistance aux chocs et à la chaleur, et donne de la clarté aux produits.
Il existe 148 bisphénols différents, le plus connu et étudié étant le bisphénol A (BPA).
Dangerosité avérée du bisphénol A (BPA)
Beaucoup d’études ont été faites sur le BPA. Elles montrent qu’il est dangereux pour la santé. En effet, il peut engendrer de nombreux désagréments :
- dysfonctionnements sexuels et reproductifs, perturbations de la fonction thyroïdienne,
- fausses couches et faible poids de naissance du bébé,
- retards cognitifs et problèmes comportementaux chez l’enfant,
- altérations du système immunitaire,
- effets défavorables sur les reins et le foie,
- obésité et diabète,
- maladies cardiovasculaires,
- cancers du sein et de la prostate.
Et la liste n’est pas exhaustive !
Le bisphénol A a fait scandale en 2010 ; le magazine de défense des consommateurs Que Choisir avait détecté sa présence dans de nombreux biberons et boîtes de conserve. Les autorités ont interdit ce composant la même année dans les contenants et ustensiles destinés aux tout-petits.
En 2023, le bisphénol A est encore très présent
Plus d’une décennie plus tard, on trouve encore du bisphénol A dans la plupart des conserves, dans toutes les canettes, dans une partie des anneaux de dentition, dans quelques gourdes pour enfants, et même dans des couvertures, chaussures en cuir et lunettes à destination des tout-petits.
En outre, beaucoup d’industriels ont simplement remplacé le bisphénol A par le bisphénol S (BPS). Problème : l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a déclaré que le BPS avait un « profil toxicologique » similaire à celui du BPA et ne devait donc pas être utilisé pour le remplacer.
Un cocktail explosif et dangereux
Et il n’y a pas que les bisphénols A et S ! Parfois, jusqu’à six bisphénols cohabitent dans certains produits !
Or, l’Agence européenne des produits chimiques a détecté des effets préjudiciables pour 34 bisphénols différents !
Certains parlent de “soupe toxique”, comme l’association CHEM Trust. Créée en 2007, elle a publié un rapport accablant en 2018 et se bat maintenant pour des alternatives crédibles au bisphénol.
Action décevante des autorités
Le docteur Michael Warhurst, directeur général du CHEM Trust, a déclaré :
Ce rapport montre que les personnes et l’environnement ne sont pas correctement protégés contre les produits chimiques dangereux, car les entreprises passent d’un produit chimique controversé à un autre.
Il faut que les régulateurs de l’Union européenne éliminent progressivement les groupes de produits chimiques préoccupants, plutôt que de restreindre lentement l’utilisation d’un produit chimique à la fois. Nous ne pouvons pas continuer à jouer avec la santé des gens de cette façon.
En dépit des preuves qui s’accumulent, les autorités tardent à agir ; l’Union européenne a seulement interdit le bisphénol A. Idem pour les États membres.
La situation est donc inquiétante, d’autant que les bisphénols ont un effet sur le corps humain même à de très faibles doses.
En attendant, chacun doit prendre ses précautions pour limiter son exposition au bisphénol.
Que faire en pratique pour limiter les risques ?
- Utiliser un pichet d’eau en verre ou en porcelaine, et non en plastique,
- Utiliser de la vaisselle en porcelaine et des contenants en verre,
- Éviter de boire des boissons contenues dans des canettes,
- Préférer les emballages en verre plutôt qu’en plastique, et éviter les conserves,
- Stocker les contenants en plastiques et les conserves dans un endroit frais et sombre,
- Changer fréquemment l’eau des gourdes, et ne pas boire une eau restée très longtemps dans une bouteille en plastique.
Les substances nocives ont tendance à se libérer avec la chaleur. Il est donc recommandé de :
- Ne pas chauffer au micro-ondes un plat avec son emballage plastique,
- Ne pas chauffer de boîtes de conserve au bain-marie,
- Ne pas réchauffer d’aliments contenus dans un récipient en plastique (ex : biberon, bouilloire…),
- Ne pas laisser les bouteilles en plastique exposées au soleil.
Enfin, il faut être particulièrement vigilant à certaines étapes cruciales de la vie, où les risques sont plus élevés : grossesse, petite enfance et adolescence.
💡 Plus d’informations :
- Article Bisphénols – Toujours là, hélas !, Que Choisir, avril 2023 ;
- Rapport Toxic Soup, CHEM Trust, mars 2018.